« Tu veux être mon ami ? » ## Petite Valse.

Angels / Losing / Sleep ~ Our Lady Palace

Petite Valse est d'une nature tout à fait simpliste et entièrement naïve. Cela devrait vous suffire pour arrêter de lire, cependant je vais poursuivre. Les grands yeux innocents de la petite témoignent eux - mêmes de cet état d'esprit. Ignorance et insouciance. Valse est de ce genre de filles qu'on aime ou qu'on aime pas. Elle dérange certains, chez d'autres elle suscite l'admiration, et puis il y a ceux qui s'en foutent. Elle a le don de dire ce qu'elle pense tout de go, sans jamais s'empourprer, sans en ressentir la moindre gêne. Ses paroles à elle la laissent indifférente et sereine, c'est l'éventuelle mauvaise réaction des autres qui la met dans l'embarras. Dans ce cas - ci, elle se referme automatiquement. Son esprit se verrouille, et elle s'en va.

Petite Valse ne fait jamais de manières, et peut parfois paraître impolie. Elle ne prête pas la moindre attention à l'esthétique tout comme à l'éthique. La petite n'a aucun préjugé, ce qui ne l'empêche pas d'avoir un avis sur tout. Tout son monde se résume à ses opinions, avis et commentaires. Point barre. Elle semble aux yeux des autres susceptible, mais il n'en est rien. Elle a juste beaucoup de mal à comprendre les réactions des autres. La société la déboussole, elle qui se plaît à vivre dans la sincérité et la plus totale des insouciances. Le rejet dont il résulte met principalement en cause sa différence. Elle paraît à côté de la plaque, absolument dingue. Elle ne parvient pas à comprendre cette marge entre elle et tous les autres.

Sincérité et innocence ne semblent pourtant pas être des défauts, d'après ce que les autres disent. Toujours est - il qu'elle semble à beaucoup une gamine très étrange. Petite Valse tentait toujours de comprendre ces autres, tous ces autres, voire même de s'y mêler, juste pour faire plaisir à son père. Mais c'est peine perdue. Elle est trop bizarre. Trop différente. Ils étaient issus d'un autre monde. A moins que ce ne soit elle, celle qui était issue d'un autre monde. Il y a le monde de Petite Valse. Et puis il y a celui des autres. De tous les autres. Petite Valse verrait pourtant dans le plus dangereux et réputé des assassins un ami potentiel. Là démarre sa différence. N'ayant pas la moindre notion d'esthétique, ni même de danger, Valse voit un ami en tout félin qu'elle croise. Elle n'a pas peur des méchants, pas peur du vilain Étoile du Tigre qui viendra la manger si elle n'obéit pas. Elle voit par - delà les apparences, ce que peu sont capables de faire. La petite cherche toujours la moindre once de gentillesse dans n'importe qui. Cependant, elle arrive à cerner les gens avec une troublante facilité. Elle peut dire ses quatre vérités à quelqu'un sans même en avoir conscience. Petite Valse doit donc faire un peu peur, dans le fond : la peur de se voir dévoilé.

Insouciance et innocence. Tels sont ses maîtres - mots.

Ciao Bella ~ Rose.
« Ciao Bella
Les autres on s'en fout
Ciao Bella
Les autres c'est pas nous »



« Oh ! Qui êtes - vous ? Puis - je savoir ce que vous faites dans mon jardin ?
- Je ... euh ... de l'herbe à chat ...
- Hé bien ! Êtes - vous donc autiste ou analphabète ? Alignez des phrases, vos paroles sont incompréhensibles !
- Je viens ... Je suis ici parce qu'il y a de l'herbe à chat.
- Ah C'est donc ça ! Vous êtes l'un de ces chats sauvages ?
- Effectivement. Auriez - vous peur de nous ?
- Pas le moins du monde ! Voyez comme vous aviez l'air peureux, il y a quelques instants. C'est moi la domestique, que je me souvienne !
- Vu sous cet angle ... Vous êtes bien la première chatte domestique qui ne décampe pas à ma vue.
- Il faut croire que je suis différente. Vous la prenez, votre herbe à chat ?
- Euh ... oui ... bien sûr ...
- Faites attention, vous recommencer à bafouiller !
- Bon eh bien ... Sur ce, bonne journée. Madame ... ?
- Nyra. Et vous vous prénommez ... ?
- Chant des Coyotes. Curieux nom, n'est - ce pas ?
- Non, je ne suis pas plus étonnée que ça. Revenez quand vous voulez ! »

Ainsi se déroula la première rencontre des parents de Petite Valse, Petite Euphonie et Petit Iris. La chatte domestique était une dame d'à peu près trente lunes, et le chat sauvage un damoiseau de plus ou moins le même âge. Il revint dès le lendemain, intrigué par cette dame qui ne faisait pas de manières et semblait peu impressionnable.

« Hé bien, vous revoici, Messire Chant des Coyotes !
- Bien le bonjour.
- Que me vaut l'honneur de votre visite ?
- Votre réaction, hier.
- Je ne puis avoir eut de réaction qu'hier, monseigneur !
- Soit. C'est votre absence de réaction face à mon nom composé qui m'a un peu intrigué ...
- Seulement pour ça ? Hé bien, je vous dirais juste que je sais beaucoup de choses.
- Oh, je vois.
- Seriez - vous intéressé par un partage de savoir ? Vous m'apprenez à me battre, et je vous enseigne tout ce que je sais.
- Je vous consacre tout mon temps libre, chère Nyra. »

Les dialogues entre les deux chats étaient toujours avec un niveau de vocabulaire relativement élevé. Cela semblait faire partie de leur toute récente relation. A partir de cet instant, Chant des Coyotes revint lui rendre visite chaque jour. Chant des Coyotes apprit beaucoup aux côtés de Nyra. Comme des noms de plantes, tout à fait banales comme médicinale. La dame avait un savoir phénoménal qu'on ne lui soupçonnait pas. Elle lui apprit nombre de noms d'oiseaux, d'insectes et de végétaux. Nyra était passionnée par les bêtes à plumes. Elle ne mangeait pas la moindre bestiole qui avait ne serait - ce qu'une plume. Chant des Coyotes en avait été surpris, mais il fut vite séduit par la majesté de ces animaux. Il lui apprenait quant à lui à se battre, et Nyra progressait assez bien. Un jour, il entendit un chant d'oiseau. Nyra savait aussi reconnaître cela.

« Et cet oiseau - là, comment s'appelle - t - il ?
- L'oiseau qu'on entend chanter ?
- Oui, celui - là.
- C'est une corneille.
- C'est un joli nom qu'il a.
- Je trouve aussi. »

Nyra sourit. Elle connaissait énormément de choses. Chant des Coyotes entrevit au coin du jardin une petite fleur. Elle attira immédiatement son regard et il s'en approcha. Nyra le suivit, intriguée par cette passion soudaine pour le coin de son jardin.

« Connais - tu le nom de cette fleur ?
- Je connais le nom de tout ce qui pousse dans mon jardin. C'est un iris. Il est plutôt joli, je dois dire ...
- C'est parce qu'il a poussé dans ton jardin.
- Ne sois pas stupide ... »

La chatte était cependant flattée et rougissait légèrement sous sa fourrure.

Beautiful Lie ~ 30 Seconds to Mars.
Take That ~ Patience.

Les jours passèrent, et progressivement, les sentiments qu'éprouvaient Chant des Coyotes et Nyra s'étoffèrent jusqu'à passer au stade sentiments amoureux. Nyra fut bientôt porteuse de chatons. Un soir, alors que Chant des Coyotes partait à la rencontre de son aimée, une chatte fonça sans regarder et percuta le mâle de plein fouet. Il émit un bref râle douloureux, puis observa avec stupéfaction la chatte. Nyra. Elle semblait ne pas l'avoir reconnu, la détresse se lisant dans ses yeux de couleur différente. L'un violet, l'autre vert. Elle cracha et feula, menaçante. Pétrifié, Chant des Coyotes se contenta de l'observer sans rien dire.

« Que fais - tu là, fils des bois ? Les tiens n'ont - ils pas besoin de toi ? Les chats sauvages ne sont pas fait pour traîner autour de chez les chats domestiques, va - t'en !
- Nyra ... C'est moi.
- Oh ... Excuse - moi, Chant des Coyotes !
- Ce n'est rien, Nyra. Explique - moi plutôt pourquoi tant d'agressivité et de tristesse ...
- Mes maîtres ... Ils ... Ils ...
- Vas - y, Nyra. Je t'écoute.
- Ils ont ... Ils ont noyé nos chatons ! »

Silence de mort. Chant des Coyotes l'observait, incrédule. Noyé. Leurs chatons. L'information avait du mal à percuter. Noyé. Leurs chatons. Il ne parvenait pas à y croire. A peine nés, ces choses cruelles, stupides, sans vergogne avaient tué des nouveaux - nés. Noyé. Leurs chatons. Une haine sans fin s'empara alors du félin. Nyra sanglotait. Non, ce n'était pas le moment. Il fallait qu'il soit là. Pour elle.

« J'allais venir te chercher ...
- Je suis là, Nyra. Tout ira bien. Tu es sûre qu'ils les ont noyés ?
- Ils me les ont retirés, mais je ne me fais pas d'illusions : ils les noieront. Ou les jetteront en pleine forêt, seuls face à la nature.
- Quand te les ont - ils pris ?
- Hier soir. Peu après ton départ, j'ai senti qu'ils voulaient sortir. J'aurais bien voulu que tu sois là, ils étaient si ... adorable ... si ...
- Ne t'en fait pas, Nyra. On les retrouvera.
- Que vas - tu faire ?
- Vérifier qu'ils ne les ont pas tués.
- Je viens avec toi.
- Tu es bien sûr ?
- Évidemment. Je ne t'abandonnerais jamais. »

Des étoiles naquirent dans les yeux de Nyra. Cette phrase valait toutes les déclarations d'amour de la terre. Chant des Coyotes l'observa encore quelques instants, puis la dame se mit en marche. Ils ne retrouvèrent pas les enfants. Cependant, aucune odeur de mort ne planait. Il les avait emmené autre part. Mais il était trop tard pour les retrouver. Détruite, Nyra partit de chez elle, et Chant des Coyotes décida de vivre auprès d'elle en tant que solitaire.

Les maîtres de Nyra n'avaient pas eut le courage de les noyer. Ils les avaient relâchés dans la forêt, les livrant à la nature, et se disant qu'ils avaient une chance de survie. Les petites avaient alors seulement un mois, et les maîtres n'avaient pas eu le cœur de ne pas leur laisser de chance. Les trois petits furent recueillis par une chatte qui passait par là et qui les aperçu. Elle les nomma Petit Iris, Petite Valse et Petite Euphonie. Petit Iris ... Une coïncidence, ou une prédilection ?